Les RPG d'héroïc-fantasy seraient-ils le miroir de nos craintes face à la plus vieille menace qui plane au dessus de nos têtes : l'extinction de notre espèce ?
Un constat nous saute aux yeux en observant les univers de ces jeux : les petits mammifères mous à pouces opposables qu'on appelle "les Hommes" sont en voie de disparition. Observez bien les cartes détaillées de ces contrées de pixels oniriques. Vous y verrez des montagnes, des déserts, des ruines et autres marécages nauséabonds, mais peu de cités humaines. Que nenni. Sur un continent entier, on peut s'estimer heureux lorsqu'on rencontre cinq ou six villages qui, soit dit en passant, se détestent allègrement. Pourquoi l'humain est-il si mal implanté dans ces mondes pangéens ?
Plusieurs pistes de réponses s'offrent à nous.
Tout d'abord, il semblerait qu'une natalité en chute libre fassent des ravages.
Où sont les groupes d'enfants bruyants de leurs rires d'avoir brûlé un chat qui parsemaient nos villages d'antan ? Lorsque vous croisez deux êtres humains prépuberts ( orphelins la plupart du temps ) dans un village, vous pouvez vous estimer heureux. Est-ce à dire que les moyens de contraception du monde des RPG pêchent par un soucis d'efficacité ? Bien que les qualités des boyaux de porc et autres mouchoirs amidonnés ne soient plus à prouver, je ne pense pas que ce soit le coeur du problème.
Il semblerait que le soucis vienne de l'environnement dans lequel essaient de survivre ces pauvres primates 2.0.
Alors que les villages semblent être des havres de paix baignés d'une musique bucolique, hors de leur rempart, le monde n'est plus peuplé que de dangers mortels. Il est impossible de faire plus de cent mètres sans se retrouver confronté à des hordes de gobelins, slimes sournois et revenants de toutes sortes. Et ce ne sont que les danger les plus évidents.
Car le pire reste ces créatures qui, sous couvert d'une apparence kawaï inspirant la confiance, nous sautent à la gorge pour nous dépecer tels des Hannibal Lecter en plein régime Dukan. Ainsi, ces pauvres villageois sont quotidiennement confrontés à des écureuils tueurs, des sangliers enragés et autres libellules psycopathes. Même les végétaux ne veulent pas d'humains dans leur monde. Alors qu'une tulipe ignorera purement et simplement le golem de pierre qui trotinne à ses côtés, elle se jetera sur vous sans hésiter pour vous transformer en terreaux où elle plongera avidement ses racines malsaines à la recherche des nutriments encore chauds essentiels à sa survie qui vous composaient il y a peu. Combien d'enfants ont-ils péris en allant chercher l'eau au puit, cueillir des champignons ou apporter un pot de victuailles à leur mère-grand, qui pour une raison inconnue survie sans problème au milieu des forêts maudites malgré son arthrite et son incapacité à se nourrir sans l'aide de ses petits-enfants ?
Rejeté par la plupart des règnes du monde des RPG ( excepté celui minéral qui garde pour l'instant un neutralité douteuse ), l'être humain survit comme il peut dans des villages coupés du monde, plus proche de réserves animales que de station balnéaires.
L'avenir semble bien sombre pour les descendant de Lucy.
Heureusement que le joueur est là, armé de son épée vengeresse, allant de village en village lutter contre la consanguinité et en détruisant des centaines de créatures hostiles sur son chemin. Et tout ça pour quoi ? Sauver la princesse d'un royaume dont la moindre mouche cherche à vous tuer.
Même face à l'extinction, tout n'est qu'une histoire de cul.